L’homme qui a changé l’histoire de la faculté de génie de l’Université d’Ottawa

Publié le lundi 20 juin 2016

Dr. Claude Laguë,

Claude Laguë se confie sur ses 10 ans en tant que doyen avant la fin de son mandat

En 2006, lorsque Claude Laguë a accepté de prendre les rênes de la Faculté de génie à titre de doyen, le programme était en bien mauvaise posture.

« Cette faculté était parmi les moins performantes de l’Université, tant sur le plan du recrutement que de la taille et des ressources», a-t-il partagé. « De bien des façons, nous étions comparables à un canard boiteux. »

Maintenant qu’il s’apprête à quitter son poste de doyen, M. Laguë considère le redressement de la Faculté de génie comme l’un des faits marquants de son mandat.

« Aujourd’hui, cette faculté figure parmi les plus importantes de l’Université et se classe parmi les meilleures écoles d’ingénieurs en Ontario », a-t-il déclaré. « Je suis fier que tous ici aient pu travailler ensemble pour atteindre cet objectif. »

Mais, pourquoi la faculté était-elle comparable à un « canard boiteux » en 2006?

Elle se relevait lentement de la crise dans l’industrie des télécommunications. La faculté avait mis l’accent sur les technologies de l’information et des communications (TIC), le secteur le plus durement touché. À l’époque, elle y accordait près de 75 pour cent de ses ressources.

Par contre, la demande et l’intérêt étaient croissants pour les secteurs du génie biomédical, chimique, mécanique et civil. Claude Laguë et son équipe se sont mis au travail avec l’objectif de reconstruire et de rééquilibrer la faculté en répartissant de façon équitable les TIC et les autres domaines en génie.

Développer des « compétences essentielles »

Les étudiants ont toujours eu de la difficulté à assimiler des « compétences essentielles » selon M. Laguë. Il s’agit de compétences interpersonnelles et entrepreneuriales qui permettent de bien communiquer, de faire du réseautage et de travailler au sein d’une équipe diversifiée, de manière efficace afin d’assurer sa réussite.

« Depuis longtemps, nous faisons valoir aux étudiants que ces compétences essentielles sont aussi nécessaires que leurs connaissances des mathématiques et des sciences», a-t-il souligné. Ajoutez à cela l’évolution de la dynamique du milieu de travail, où l’ingénieur doit désormais avoir la fibre entrepreneuriale pour se forger une carrière enviable.

L’esprit entrepreneurial : une nécessité

Claude Laguë et son équipe ont travaillé sur plusieurs initiatives visant à préparer les étudiants et les diplômés à cette nouvelle réalité. Il suffit de penser à la Compétition d’affiches des études supérieures, à la Journée de design et au concours étudiant de Prix en entrepreneuriat et innovation. De plus, cette faculté de génie est la seule à être dotée d’une Chaire CRSNG en génie de la conception qui porte une attention particulière à l’entrepreneuriat.

« Les ingénieurs sont des gens qui ressoudent des problèmes pratiques », dit Dr Laguë. « On veut offrir à nos étudiants, chercheurs et professeurs la possibilité de répondre concrètement à un besoin sociétal ou à un débouché commercial existant. De plus, il est important qu’ils comprennent ce qui est nécessaire pour commercialiser une idée avec succès. »

Malgré le tour de force de l’Université à cet égard, M. Laguë demeure déçu par une seule chose : l’absence de progrès, ces 10 dernières années, par l’ensemble de la profession à inciter un plus grand nombre de jeunes femmes à explorer une carrière en génie et en sciences informatiques.

Comment combler l’écart entre hommes et femmes?

Ingénieurs Canada s’est donné pour objectif d’atteindre 30 pour cent d’ingénieurs nouvellement agréés de sexe féminin d’ici 2030. En comparaison avec d’autres professions comme la médecine ou le droit, l’ingénierie se positionne en queue de peloton. En effet, les femmes représentent moins de 15 pour cent des ingénieurs professionnels.

« Si l’on continue à ce rythme, nous n’y arriverons jamais », a déclaré M. Laguë.

Mais par où commencer? Il faut faire tomber les vieux stéréotypes par lesquels les parents et les enseignants du primaire écartent les jeunes filles des domaines comme l’ingénierie et les sciences. Il faut de plus revoir les critères d’admission aux études postsecondaires qui, à l’heure actuelle, exigent trop de crédits en mathématiques et en sciences.

Pour surmonter ces défis, on peut certainement s’appuyer sur l’ascension du mouvement Maker et les progrès de l’impression 3D. Le contexte est propice pour inciter les ingénieurs et bricoleurs de tous âges à collaborer et pour encourager un plus grand nombre de jeunes à envisager une carrière en génie. En effet, la faculté a lancé l’Atelier Makerspace Richard L’Abbé qui est accessible au public, en plus de créer le Maker Mobile uOttawa, un programme qui permet de présenter la technologie de l’impression 3D directement dans les écoles primaires et secondaires, ainsi que dans les centres communautaires de la région.

« Nous devons être présents pour informer les enfants, les parents et les enseignants des possibilités de carrières en informatique ou en génie qui existent pour les jeunes », a fait valoir M. Laguë. « Nous avons la responsabilité de contribuer aux connaissances de notre population en la matière. »

Quelle est l’étape suivante?

Quels sont les projets de Claude Laguë après la fin de son mandat? À titre de boursier Fulbright, il passera huit mois en Californie, au cours de la prochaine année, pour mener une recherche sur les meilleures pratiques en matière d’entrepreneuriat étudiant dans les universités californiennes. Ensuite, qui sait ce que l’avenir lui réserve?

« J’ai comme philosophie de ne fermer aucune porte », dit-il. « Je veux chercher d’autres projets intéressants. Je dois tout de même dire que ces 10 dernières années en tant que doyen ont été magnifiques, stimulantes et motivantes. »

Article du Ottawa Business Journal.

Photos de la cérémonie du doyen de la Faculté de génie

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